Le feu de la Saint-Jean en Alsace : Une tradition ancestrale toujours vivante

La région de l’Alsace est riche de traditions populaires qui rythment l’année et renforcent les liens communautaires. Parmi celles-ci, le feu de la Saint-Jean est une célébration emblématique, ancrée dans les cœurs des Alsaciens, mais particulièrement ceux de la Vallée de Saint-Amarin, depuis des siècles.

Chaque année, autour du 24 juin, des feux s’élèvent dans la nuit pour fêter le solstice d’été, symbolisant à la fois la lumière, la chaleur et l’unité. Cet article se propose de vous faire découvrir cette tradition pleine de sens, son origine, ses rituels et son importance dans la culture alsacienne.

Les origines du feu de la Saint-Jean

Le feu de la Saint-Jean est une coutume d’origine païenne qui remonte à des temps immémoriaux. Bien avant la christianisation, les peuples célébraient le solstice d’été, la journée la plus longue de l’année, à travers des rituels autour du feu. Ce dernier était perçu comme une force purificatrice, symbole de la lumière du soleil et de la fertilité, essentiels à la prospérité des récoltes.

Avec la diffusion du christianisme, cette fête païenne a été récupérée et intégrée dans le calendrier religieux. Le 24 juin marque ainsi la fête de Saint Jean-Baptiste, et les feux de la Saint-Jean sont devenus un moyen de célébrer ce saint tout en conservant l’esprit des anciennes croyances.

Un rituel populaire et convivial

En Alsace, la fête de la Saint-Jean est un véritable événement communautaire. Dans chaque village de notre belle vallée, la préparation du feu est un moment fort de rassemblement. Traditionnellement, un grand bûcher est érigé en haut d’une colline. Cette structure est construite par les jeunes, qui atteignent la majorité, du village. C’est un symbole de passage intergénérationnel et de transmission culturelle.

Au moment où la nuit tombe, le feu est allumé avec un flambeau par l’ensemble des conscrits qui ont travaillé tous les week-ends entre avril et juin.

Musique, danses et festivités

Le feu de la Saint-Jean n’est pas seulement un moment contemplatif, c’est aussi une fête pleine de vie.

Les festivités ne s’arrêtent pas à l’allumage du feu. De la petite restauration telles que des sandwichs, des frites, des desserts et beaucoup de bière sont vendues par les parents des conscrits. Car oui les parents tiennent ce rôle pour que leurs enfants, les conscrits, puissent profiter de la soirée. Tous les villages prolongent la nuit avec des bals en plein air, avec DJ et piste de danse. J’allais oublié, un feu d’artifice est tiré avant l’allumage du bûcher.

Ne vous m’éprenez pas, il y a toujours énormément de monde durant cet événement.

Le rôle des conscrits dans le feu de la Saint-Jean en Alsace

Un élément incontournable du feu de la Saint-Jean en Alsace sont les conscrits.

Revenons un peu en arrière. À l’époque, les conscrits étaient uniquement constitué de jeunes hommes qui venant de terminer leur service militaire ou qui sont en âge de le faire. Historiquement, le service militaire en France était un rite de passage vers l’âge adulte, et pour beaucoup de jeunes Alsaciens, la célébration de la Saint-Jean marquait un moment charnière dans leur vie. Aujourd’hui, même si le service militaire obligatoire n’existe plus, le rôle des conscrits reste fortement lié à cet événement, en tant que porteurs de la tradition et organisateurs de la fête.

Et surtout, les jeunes femmes sont aussi « conscrits » et participent à la création de cet événement.

Les conscrits créés une association avec un président, un vice-président, une secrétaire et un trésorier. Des réunions sont établis pour suivre, penser et faire avancer le projet.

L’organisation du feu est simple.

Les mairies s’occupent d’apporter le bois, permettant de construire les trois bûchers. En construisant un bûcher monumental qui servait de pièce maîtresse à la fête (d’une dizaine de mètres) et deux plus petits. Un construit par l’année d’après (les pré-conscrits) qui succèderont aux conscrits et celui des filles.

Le travail nécessaire à cette construction était physique, mais aussi festif, car les conscrits profitent de cette occasion pour se retrouver et fêter n’importe qu’elle occasion.

Des quêtes sont faites durant cette période pour financer l’achat des boissons, le DJ et l’Artificier. Les conscrits ont aussi un tablier et un tee-shirt qu’ils ont fait floquer après s’être mit d’accord sur le dessin.

Le feu de la Saint-Jean en Alsace est l’un des moments où la transmission des traditions est la plus visible. Pour les conscrits, cette fête représentait une passerelle entre les générations : ils recevaient la responsabilité d’organiser l’événement de la part de leurs aînés, et à leur tour, ils préparaient les plus jeunes à prendre la relève les années suivantes.

Certaines classe de conscrits organisent des voyages ensemble tous les ans ou des histoires d’amour qui durent encore y sont nées.

Une tradition vivante, entre passé et présent

Malgré les évolutions de la société et la modernisation des modes de vie, le feu de la Saint-Jean continue d’être célébré dans de nombreux villages et villes d’Alsace. Pour certains, il s’agit d’une occasion de renouer avec les racines, pour d’autres, d’une simple fête locale, mais dans tous les cas, le feu de la Saint-Jean en Alsace garde toute sa vitalité.

Ainsi, chaque année, lorsque les feux de la Saint-Jean illuminent le ciel de la Vallée de Saint-Amarin, ce sont aussi les conscrits qui, à leur manière, perpétuent l’histoire et l’identité de cette belle région.

Merci à Pascal Gerrer pour le partage de ses archives.

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